Choisir de s'épanouir
Les besoin de sens et d’évolution professionnelle ont changé.
Ils ne sont pas nouveaux. Mais suite au Covid, à l’irruption de la guerre en Europe et à la réalité du changement climatique, leur signification n'est plus la même.
L’épanouissement personnel est aujourd'hui devenu une question de choix et de responsabilité.
L’après a commencé. Depuis l’automne dernier, une sensation bizarre m’habitait à chaque fois que je lançais une formation avec des adultes. Que je la donne moi-même ou que je présente un enseignant. Quelque chose de différent se dégageait du groupe, de l’atmosphère, des propos. Et la semaine dernière, lors de la présentation du prochain cours Self-Leadership, j’ai enfin pu mettre des mots sur ce ressenti. Les mots des participants à qui j’ai simplement demandé ce qui leur venait d’emblée à l’esprit s’ils pensaient à leur vie professionnelle.
Nous cherchions un épanouissement confortable
Jusqu’alors, face à cette question, de manière sourde, la crainte dominait. La crainte de perdre quelque chose. Les changements constants constituaient un danger face au bien-être, à la sécurité, à la recherche d’un équilibre personnel et social. Si bien sûr les désirs individuels de développement existaient, ils étaient contrebalancés par la peur de se tromper de voie. De ne pas s’épanouir vraiment. D’aller vers quelque chose d’inconfortable aussi. Même lorsque la situation actuelle n’était de loin pas optimale, on était dans un certain confort. Le besoin de trouver du sens était déjà bien présent. Mais il était tourné vers le passé. Pour identifier ce qui bouleversait les certitudes auxquelles nous avions cru. Pour comprendre ce qui ne marchait plus.
Le changement oui, mais contrôlé
Les 30 Glorieuses sont finies depuis longtemps. Mais cette période de croissance qui a fleuri jusqu’à la fin des années 60 résistait. Elle a permis une société où chacun a pu continuer de vivre dans l’insouciance des risques majeurs. Certes, on pouvait perdre son emploi, ou ne pas y être valorisé à sa juste mesure. Mais les assurances sociales, un cadre légal protecteur, des soins de qualité, des infrastructures et un système d’éducation bien au-delà de ce que nous pouvions constater ailleurs dans le monde nous donnaient cette sécurité. Celle du sentiment d’un relatif contrôle sur notre cadre de vie, et d’une protection de chacun par la collectivité. Le changement pouvait être espéré, mais il était aussi clairement un risque. Finalement, si quelqu’un était insatisfait dans son job, il pouvait contrebalancer cette frustration par des activités personnelles plus épanouissantes. Le sport, le bénévolat, s’occuper de sa famille, mais aussi la méditation ou tout un éventail de propositions de développement personnel. Pour trouver du sens à son quotidien autour de soi-même.
Notre sensation de contrôle a disparu
Le Covid, l’urgence climatique et la guerre en Ukraine ont bouleversé tout cela. La pandémie nous a fait vivre la crainte sur une dimension intime, notre santé et notre vie. Et nous avons ressenti à quel point nous n’étions pas protégés par la société pour faire face à l’inconnu. Certes, nos gouvernements ont réagi du mieux qu’ils ont pu. Des réponses globales ont été trouvées, qui ont probablement permis de réduire les pertes. Mais le mal était fait. Nous avons peut-être perdu des proches, nous avons été malades, ou a minima nous avons dû nous confiner. La peur viscérale de l’inconnu, qui avait disparu depuis plusieurs générations, a ressurgi. Quant au climat, le changement est là. Les canicules reviennent chaque année. Et sans trop savoir ce que cela veut dire exactement, nous ressentons tous que les bouleversements futurs changeront fondamentalement nos vies. Enfin, la guerre nous donne le sentiment de s'être rapprochée. Elle a toujours existé, même non loin de nous en ex-Yougoslavie, mais nous sentons que les équilibres géopolitiques que nous connaissions sont devenus plus précaires. Nous ne contrôlons rien de notre environnement, ni nous-même, ni nos gouvernements en lesquels nous croyons de moins en moins. Le sentiment de sécurité a volé en éclat.
De la crainte au choix
Alors que disent ces trentenaires et quadragénaires qui entrent en formation continue ? Eux qui vont prendre demain de nouvelles responsabilités dans nos entreprises ? Ils ressentent ce contexte comme stimulant ! Comme un challenge à prendre. Qui aurait pu le prédire ? S’ils utilisent aussi les termes de risque ou de brouillard, ils y opposent le choix. Pourquoi le choix ? Finalement, il n’y a plus à avoir peur que notre bien-être soit questionné, il l’est. Nous n’avons plus à craindre de perdre la sécurité et le contrôle, nous les avons perdus. Nous nous retrouvons nus face à la réalité de la vie telle qu’elle est aujourd’hui. Et c’est en un sens libérateur. Au lieu de chercher à avancer sans rien perdre de ce que nous avions, nous avons délaissé ces chaînes pour découvrir un horizon qui n’est de loin pas tout bleu, mais qui est à construire. C’est ainsi, et nous l’acceptons. Nous avons de toute façon les compétences que nous avons acquises, et pour beaucoup un cercle social et familial sur lequel nous appuyer. Pour le reste, nous avons le choix. Nous pouvons être redevables et loyaux envers certaines personnes rencontrées sur notre chemin, mais nous ne devons rien à un cadre professionnel qui ne nous protège pas. À nous de choisir et bâtir notre futur.
Le sens du concret
Et puisque le brouillard est là, ce choix a aussi changé de texture. Le sens que nous pouvons donner à notre vie est une chose. Le sens de notre engagement professionnel en est un autre. Ils ne sont pas déconnectés. Mais le second est forcément celui du prochain pas à faire. Le mot de carrière devient obsolète. On lui préfèrera celui de responsabilité. Il est maintenant devenu impossible de se définir une vision professionnelle viable à long terme ? Eh bien assumons-le, et commençons par choisir notre prochaine étape, celle qui nous correspondra et par laquelle d’autres choix naîtront. Il est illusoire de trouver un sens pérenne à notre action au-delà de l’instant présent ? Embrassons ce présent et cherchons ce qui est faisable maintenant. La question du sens signifie dorénavant ceci : dans quelle responsabilité voulons-nous nous engager aujourd’hui ? Laquelle choisissons-nous pour nous épanouir parmi le champ des possibles de notre environnement ? Et comment voulons-nous l’assumer pour y être utile ? Champ incertain, mais ô combien ouvert à ce que nous lui offrions notre engagement comme une opportunité. Le sens n’est plus nombriliste, il est une proposition entre nos désirs ici et maintenant d’une part, un monde multiple d’autre part. Il n’est plus un destin, mais un choix. Il est un pas en avant. Alors oui, c'est stimulant. Car c'est un sens concret et pragmatique.
La clarté nécessaire pour faire ce pas en avant rend encore plus importante la question du Self-Leadership. Puisque le choix est large, que nous n’en percevons qu’un pan, et que c’est à nous de le faire, il nous appartient de travailler à le faire consciemment. En toute conscience de nos atouts et de nos désirs profonds, de nos paradoxes aussi, pour les intégrer dans une proposition de valeur que nous saurons alors faire au monde professionnel. Si cette préoccupation est vôtre, la prochaine session de notre programme Self-Leadership débute le 2 Mars.